lundi 18 juin 2007

Alice à travers un miroir... déformant


- Alice McLeod, épouse Coltrane, vous êtes accusée de détournement de génie avec préméditation. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Tout d'abord, rien ni personne n'aurait pu détourner John de la quête de son inaccessible étoile. Ensuite je vous prie de remarquer que, s'il m'a épousée ce n'était pas pour remplacer McCoy Tyner mais Naïma dont il ne supportait plus la recette de boeuf mironton à la fraise et aux câpres. J'ajoute que vous avez une superbe cravate, Monsieur le juge.
- Brmmm, admettons. Mais ensuite... vous avez finalement remplacé Mr Tyner en 66. Ne me dites pas qu'il s'agit encore d'un problème culinaire !
- Non, pas du tout, simplement : mon mari avait un odorat très sensible et McCoy sentait des pieds.
- Un peu de sérieux, je vous prie, Mme Coltrane ! Je sens moi-même des pieds et cela n'a jamais affecté mon entourage professionnel, n'est-ce pas Mlle Peabody ?... Mlle Peabody ? Bon passons... Vous êtes aussi accusée de mysticisme aggravé, ayant été, comme Messieurs McLaughlin et Santana disciple du gourou Swami Satchidananda.
- En effet, nous nous étions même rebaptisés Turiya, Mahavishnou et Devadip. Mais, vous êtes mal renseigné Monsieur le juge, Santana et McLaughlin n'avaient pas le même gourou que moi, le leur s'appelait Sri Chinmoy.
- Tout cela c'est bonnet blanc et blanc bonnet ! Ne niez pas que vous avez détourné Monsieur Coltrane du jazz avec ces considérations théologiques !
- Monsieur le juge, c'est à mon tour de vous inciter au sérieux : John était mort depuis plusieurs années quand j'ai rencontré Swami Satchidananda ! De plus, avez-vous oublié "A love Supreme" ? Quand la mère de John a entendu l'enregistrement elle a dit : " Mon fils a vu Dieu ! Il n'aurait pas dû, celui qui a vu Dieu va mourir !"
- Où voulez-vous en venir ?
- John a toujours été mystique. En tout cas, il l'était avant de me rencontrer.
- Soit, le gouvernement vous tient pour quitte de cette accusation. Venons-en maintenant aux plaintes des critiques et amateurs de jazz : N'avez-vous pas commis le suprème crime d'arranger pour cordes l'album "Infinity" après la mort de votre mari ?
- Je l'assume totalement. Je pense avoir fait du bon travail pour cet arrangement et je suis sûre que le résultat aurait plu à John, qui n'avait pas l'esprit aussi borné que la critique, et ne prenait pas le jazz pour une chapelle !
- Le doute vous profitera pour cette affaire mais il reste l'accusation la plus grâve : comment pouvez-vous jouer de cet affreux orgue Wurlitzer, vous qui jouez si divinement du piano et de la harpe ?
- Euh... Oui... Là j'avoue, c'est par pûre méchanceté.
- Je vous condamne donc à écouter Céline Dion jusqu'à ce que mort s'ensuive !
- Mais Monsieur le juge, je suis morte depuis janvier dernier !
- ... Mlle Peabody ! ... Vos fiches ne sont pas à jour !

Pour me faire pardonner ce qui précède il fallait trouver un enregistrement exceptionnel d'Alice Coltrane.
Voici "Blue Nile" (1970)

1 commentaire:

  1. alors moi je suis fan, cet humour, toute les allusions...je savais que tu étais un auteur, je l'avais deviné moi, et en plus pleins de courage, oser parler de céline fion...un homme ce ronan!

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