dimanche 25 janvier 2009

Cet adagio commençait à me Barber

Certes, nous pouvons nous rejouir après l'investiture d'Obama et espérer que les Etats-Unis vont reprendre leur place dans nos coeurs, mais... Est-ce que ça ne va pas nous priver d'autres merveilles dans ce genre : une adaptation de l'adagio de Barber, magnifiquement acidifié par la grande Carla Bley, lors de sa tournée avec Charlie Haden et le New Liberation Orchestra en 2003, intitulée "European Anti Bush & Cheney Tour" ?

Cette vidéo n'est, malheureusement, plus disponible...

dimanche 18 janvier 2009

Ch'est rigolo !

Rendez-vous compte, en 1976, on pouvait voir ça à la télé en Italie : Don Cherry et une troupe de hippies attardés jouant une musique trippante et naïve à la fois ! Bon... c'était avant que les italiens aient la berlue !
A voir, c'est vrai que ça ferait plutôt rire, mais à écouter... ça n'a pas pris une ride. Moi en tout cas, je ne m'en lasse pas et j'y retourne, ça fait mal quand ça s'arrête (brusquement, d'ailleurs !). On s'étonne ensuite que j'ai du mal avec le jazz actuel et son son ( son son ça sonne sensass !) stéréotypé !

mercredi 14 janvier 2009

Mingus contre le courant

Après ce mémorable rassemblement du Z-Band autour de Mingus, il me vient un regret. Aucun d'entre nous n'a évoqué les remarquables incursions de Mingus dans le Third Stream, ou Troisième Courant. Ce genre de mélange entre musique classique et jazz est, il est vrai, globalement stérile ; mais surnagent quelques joyaux lancés à la mer par de grands artistes non inféodés à ce courant du jazz, Ornette Coleman notamment, et bien sûr Mingus !
Tout commence avec la superbe composition "Half-mast inhibition" (half-mast signifiant "à mi-mât" et aussi "en berne", je crois que l'on peut y voir une allusion sexuelle, bien que je serais bien en peine de dire laquelle !), que Mingus porte en lui depuis ses 18 ans et qu'il avait laissée inachevée pendant une vingtaine d'années pour finalement l'enregistrer sur l'album "Pre-Bird".
La voici :

Découvrez Charles Mingus!








Ce morceau préfigure les deux chefs d'oeuvres à venir :

- The black Saint and the Sinner Lady en 1963, dont l'argument est un ballet, et qui reste un modèle indépassable de l'arrangement en jazz, dont voici le premier "mouvement" : "Track A - Solo Dancer (Stop ! Look ! And listen.)

Découvrez Charles Mingus!










- Let my Children Hear Music en 1971, pour grand ensemble, où l'on trouve notamment ce morceau : "Adagio Ma Non Troppo", entièrement basé sur une improvisation de Mingus au piano sur l'album "Mingus Plays Piano" en 1964 (soit sept ans de réflexion !).

Découvrez Charles Mingus!










Dans ces disques, Mingus montre tout ce qu'il doit à Duke Ellington et à ses grandes suites pour orchestre comme "Black, Brown and Beige".
Il est aussi symptomatique qu'il ait dit de ces deux enregistrements, après la parution de chacun d'entre eux qu'il les considérait comme ce qu'il avait fait de mieux !

dimanche 11 janvier 2009

Tous sur Mingus ! So long Eric


















Il est difficile de dire de quand date la première rencontre de Dolphy et Mingus, étant donné qu'elle remonte à leur jeunesse à Los-Angeles, bien avant qu'ils aient commencé leurs carrières en leader. Pour l'un comme pour l'autre, il arriva un moment où il fallut quitter la côte ouest et son jazz décoratif et ronronnant, et rejoindre New-York et son foisonnement créatif. C'est en 1959 que Dolphy débarque à New-York, au sortir de l'excellent quintet de Chico Hamilton. Rapidement il croisera la route d'Ornette Coleman et rejoindra celles de Coltrane et de Mingus, tout en commençant à enregistrer en leader. C'est pendant ces cinq années qu'il lui restait à vivre qu'il allait participer aux plus grandes oeuvres du jazz moderne, en pivot essentiel de cette époque bénie du jazz.
A la fin de l'année 59, Dolphy commence à travailler régulièrement pour Mingus, chez qui il pourra s'épanouir. "Mon premier travail régulier, c'est Chico Hamilton qui me l'a donné ; mais la liberté dans un travail régulier, c'est le cadeau que m'a fait Mingus".
Le premier album de Mingus auquel participe Dolphy est "Pre-Bird", intitulé ainsi parce qu'il met à jour des compositions de Mingus datant d'avant sa rencontre avec Charlie Parker qui provoquera un bouleversement profond dans sa musique, jusque là plutôt inspirée par Duke Ellington et Art Tatum. Dans ce disque, qui ressortira sous le titre "Mingus revisited", Dolphy n'est que peu présent, étant donné qu'il s'agit d'arrangements pour grand orchestre d'une part, et pour orchestre de 10 musiciens d'autre part.
Il faut attendre l'enregistrement à Antibes en juillet 1960 (lors du premier festival de Juan-Les-Pins) pour apprécier l'entente et l'émulation réciproque entre les deux géants. Ce disque est hautement recommandable tant les musiciens se transcendent. En plus de Dolphy, on y trouve Dannie Richmond (évidemment !), Booker Ervin au ténor, Ted Curson à la trompette et... Bud Powell sur un titre ! Ecoutez-moi sur "What love ?" cet échange entre Dolphy et Mingus, à la limite de la vocalisation (environ aux 3/4 du morceau si vous manquez de temps):

Découvrez Charles Mingus!

En janvier 1961, refusant de suivre Mingus qui désire retourner en Californie, Eric Dolphy quitte le groupe, après une intense période qui l'a vu participer au festival de Newport alternatif (Newport rebels) monté par Mingus, et surtout à l'enregistrement de l'un des sommets de sa discographie : "Charles Mingus presents Charles Mingus", contenant le fameux "Original fables of Faubus" (c'est-à dire la version non expurgée, avec les paroles, que Columbia avait eu peur de sortir l'année précédente sur "Ah Um"). On trouvera aussi Dolphy sur "Mysterious Blues", enregistré en plusieurs fois, à la même époque.
En octobre 1962, Dolphy revient chez Mingus, mais c'est pour l'enregistrement du calamiteux et pseudo "concert" au Town Hall de New-York. Il faudra attendre septembre 63 pour engranger un nouveau chef-d'oeuvre dans lequel Mingus revisite ses anciennes compositions en leur changeant complètement de nom. Il s'agit de "Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus" et Eric joue sur cinq morceaux sur huit, ne prenant un solo que sur l'un d'entre eux.

Dernière étape, la plus importante, l'année 1964 est l'époque des grands concerts : Cornell, Town Hall, Paris... avec des morceaux étirés sur 20 à 30 minutes, d'une intensité et d'une liberté incroyable. Et tout ça avec le meilleur groupe que Mingus ait jamais eu : outre Dolphy et Richmond, on y trouve Jaki Byard au piano, Johnny Coles à la trompette et Clifford Jordan au ténor. Il ne faut surtout pas faire l'impasse sur cette période extraordinaire !

Avril 64 : Mingus, comprenant que Dolphy a décidé de rester en Europe après la tournée lui dit "Tu vas me manquer, petit con !" et, quand on connait les manières abruptes, voire violentes de Mingus avec ses musiciens, on mesure derrière cet aveu, toute l'affection et l'immense respect d'un génie pour un autre, qu'il comprenait bien sûr ne pouvoir garder indéfiniment à ses côtés. La composition de Mingus en hommage à Dolphy traduit d'ailleurs cette crainte qu'il avait du départ de son souffleur préféré : "So long Eric", parfois sous-titrée "Don't stay here too long Eric". Longtemps j'ai cru que ce morceau était un hommage posthume à Dolphy, jusqu'à ce que je découvre, à mon plus grand étonnement, que celui-ci jouait dessus.
La meilleure version de ce morceau se trouve sur l'album "Town Hall concert" de 1964 et dure plus de 17 minutes, en compagnie de la plus grande merveille jouée par les deux complices : un "Meditation on a pair of wire cutters" (renommé ici "Praying with Eric") de 27 minutes qui vous laisse rêveur pendant un moment encore après. Mingus y joue de l'archet et Dolphy de la flûte et ils touchent tous les deux au sublime ! Malgré sa longueur, je le mets ici en écoute ; zappez un peu dessus et promettez-vous de retourner l'écouter en entier sur Deezer, vous ne le regretterez pas.

Découvrez Charles Mingus!

So long Eric, mort deux mois après ce superbe enregistrement !
So long Charles, dont le Z-Band célèbre le trentenaire de la mort !

Au menu :

- Z et le jazz : "Change One" & "Change Two"
- Ptilou's blog : l'autobiographie de Mingus, "Moins qu'un chien"
- Native dancer : "Charles Mingus presents Charles Mingus"
- Maitre Chronique : "Mingus Ah Hum"
- L'ivre d'image : "Blues and Roots"
- Jazz à Paris : L'évangile selon Saint Mingus
- Jazzques : "Mingus plays Piano"
- JazzOcentre : "Oh Yeah!"
- Backstabber : "Tujuana moods"
- Bien culturel : Mingus et moi

dimanche 4 janvier 2009

Erik satire


Erik Satie est bien connu des musiciens de jazz, autant que Debussy et Ravel, bien que son importance dans la musique classique du vingtième siècle soit bien moindre, voire insignifiante à côté de ces deux géants. Ses gymnopédies et gnossiennes en sont évidemment pour beaucoup. Elles ont fasciné des générations de musiciens pour leur aptitude à susciter les rêveries orientales, et ceci avec une économie de moyens impressionnante. Les inventeurs du jazz modal sauront s'en souvenir, à commencer par Bill Evans dont le morceau "Peace piece" (que vous pouvez retrouver ici) s'inspire clairement de Satie.
Une autre raison de s'intéresser à Satie est son goût pour l'absurde et la provocation dada que l'on retrouve, non pas malheureusement dans sa musique, qui reste souvent très sérieuse, mais dans les titres de ses morceaux ainsi que dans les annotations des partitions, destinées à n'être lues que par les interprètes ("Vivache" à la place de Vivace, "De manière à former un creux"...).

Quelques exemples de titre d'oeuvres pour piano :

- Croquis et agaceries d'un gros bonhomme en bois
- Préludes flasques pour un chien
- Trois morceaux en forme de poire
- La belle excentrique, fantaisie sérieuse pour piano à quatre mains
- Embryons desséchés
- Les trois valses du précieux dégouté (une vacherie envers Ravel)
- Préludes en tapisserie

En écoute, deux morceaux :

- Tout d'abord, la première gymnopédie interprétée, sans valeur ajoutée d'ailleurs, par Yusef Lateef.
- Et, plus drôle, et même hilarant, "Chez le docteur", une de ces chansons alimentaires que Satie a par la suite reniées, sur des paroles du chansonnier Vincent Hyspa dont il fut l'accompagnateur au piano, au cabaret "Le chat noir".


jeudi 1 janvier 2009

Ne m'en voulez pas...

... de commencer encore une fois l'année avec Monk, c'est plus fort que moi !
"Don't blame me" (1966) et :

Bonne année 2009 à tous !