samedi 28 novembre 2009

Aux amateurs de folk introspective

Si, comme moi, vous vous désolez que Nick Drake n'ait sorti que trois albums avant de se suicider, les trois plus beaux albums de folk qui puissent exister, vous serez, peut-être un peu consolés de savoir qu'il s'en trouve quelques rares de la même époque qui jouaient dans la même cour.
J'ai déjà évoqué, ici, le cas de l'ex chanteur des Zombies, Colin Bluntstone. Cela fait donc deux albums de plus !
En voici deux autres, de Duncan Browne, de la même veine mélodique, avec le même genre d'arrangements empruntant au classique : "Give me take you" (1968) et son petit frère "Duncan Browne" (1973).






















Pourquoi autant d'écart entre les deux ? Tout simplement parce-que le premier a été un échec commercial retentissant, malgré la reconnaissance critique immédiate de ce chef d'oeuvre, parfois comparé à, rien de moins que, "Astral Weeks" de Van Morrison !
Malheureusement, Browne n'a pas continué dans cette veine, se tournant vers un prog-rock à la Roxy Music, beaucoup moins intéressant.
En écoute, un titre du premier disque, "Ninepence worth of walking" :

dimanche 22 novembre 2009

Sérénité

"Serenity" est un morceau de Coltrane qui apparait sur les albums "First Meditations" et "Meditations". Le premier, bien qu'enregistré en 1965, n'est sorti qu'en 1977, Coltrane n'en étant pas satisfait. Il était en pleine transition vers le free et le quartet ne lui suffisait plus. Il s'est alors payé le luxe de réenregistrer complètement cet album avec deux musiciens de plus : Rashied Ali et Pharoah Sanders.
Ces albums sont fantastiques tous les deux, et l'un ne va pas sans l'autre, mais, en ce qui concerne "Serenity", j'ai une préférence pour la version en quartet. La fin du morceau est pratiquement une démonstration de l'influence de Coltrane sur Jan Garbarek. Ajoutez la réverb sur le saxe et vous voilà transporté en Norvège.
Essayez voir !

Les liens Jiwa ne marchant plus, voici "Love", tiré du même album, en attendant de retrouver sur Youtube cette version de "Serenity" :

dimanche 15 novembre 2009

Marchons avec Miles


A l'instar de Picasso, Miles Davis est un artiste "à périodes" (évidemment, pour Miles, ces périodes sont toutes "kind of blue"). Les principales périodes de Miles sont bien connues : le bop, avec Parker et Gillespie, le cool, avec Konitz et Mulligan, le quintet avec Coltrane, le third stream, avec Gil Evans, le jazz modal avec Bill Evans, le deuxième quintet, avec Herbie Hancock et Wayne Shorter, la fusion, le funk, et pour terminer : la pop et le star system des années 80.

Il est une période que j'ai passée sous silence, parce qu'elle est souvent et malheureusement oubliée. Il s'agit de la période de transition entre le cool et la formation du quintet avec Coltrane.
On le sait, Miles n'était pas du genre à s'installer dans un style, même prospère. Il allait toujours de l'avant. Comme il le disait : "Ne m'aimez pas pour 'Kind of blue', aimez moi pour ce que je fais maintenant !".
Aussi, malgré le succès du style cool (surtout, il faut bien le dire, auprès du public blanc), a-t-il voulu en sortir. A l'époque (1954), Miles vient de se désintoxiquer assez violemment, et il rejettera le cool aussi durement qu'il a rejeté la dope, en inventant, avec Horace Silver, le Hard bop, une musique forte, plus simple que le bop, plus pêchue que le cool, et surtout : une musique exclusivement black (les blancs resteront englués dans le west coast, extension du cool sur la côte ouest, pendant de nombreuses années).
S'il est un disque à retenir de cette période, c'est "Walkin'". On y trouve la section rythmique de Miles à cette époque : Horace Silver, Kenny Clarke et Percy Heath, ainsi que les souffleurs JJ Johnson et Lucky Thomson, ce qui justifie grandement le sous-titre de "Miles Davis all stars" de ce magnifique disque.
Voici le premier titre de cet album, qui suffira largement à vous donner envie de chercher plus loin :

lundi 2 novembre 2009

My favorite things (6)

Pour terminer en beauté avec "My favorite things", voici une version pour le moins inattendue : celle de Sun Ra sur le magnifique album, récemment réédité "Some blues but not the kind that's blue" (1977).
Cette version est unique : elle ne ressemble pas au morceau original, n'a rien à voir, non plus, avec la version de Coltrane, sans pour autant être déjantée, comme on pourrait s'y attendre avec Sun Ra.
Une pure merveille !

Le lien jiwa ne marchant plus, en voici deux autres versions très différentes :

My favorite things (5)

Aujourd'hui, je vous propose une version plus classique que les deux dernières, mais qui reste d'essence coltranienne : Kenny Burrel, dont je ne suis pas un grand fan, mais qui rappelle un peu, ici, le Wes Montgomery de "Impressions".

My favorite things (4)

Après la version psychédélique free d'Alice Coltrane, que diriez-vous d'une version latino-funk ? Le brésilien Sergio Mendes, en 1968. Il est intéressant de noter à quel point c'est daté, alors que la version de Trane est intemporelle.
Ceci étant dit... J'aime aussi !


A venir, demain et après-demain : une version plus classique mais superbe, puis une hénaurme surprise !

My favorite things (3)


Passons à une version franchement coltranienne, voulez-vous ?
Et, pour ça, quoi de mieux que Coltrane... elle-même !
Attention quand même ! Si vous êtes allergique à l'orgue Wurlitzer, vous préférerez passer votre chemin. Je le suis, à vrai dire... mais je supporte le son de cet horrible instrument, comme prix à payer en contrepartie des arrangements de cordes, si originaux, de Mme veuve Coltrane.

My favorite things (2)

La version chantée la plus connue est probablement celle de Julie Andrews, puisque c'est celle du film "The sound of music" en 1965 :


Mais, pour un amateur de jazz, il vaut mieux celle de Sarah Vaughan, en 1961, sur l'album "After hours" :


Tout ça c'est bien beau, mais... aucun rapport avec la version de Coltrane !
Pour ça, il faut aller chercher Al Jarreau et, si vous n'en écoutez qu'une, que ce soit celle-là :

dimanche 1 novembre 2009

My favorite things (1)

Quand on parle de "My favorite things" avec un amateur de jazz moderne, le nom qui vient tout de suite, bien sûr, c'est Coltrane. La plupart, comme moi, ont découvert ce standard de Rodgers & Hammerstein sur l'album de Trane du même nom.
Ce morceau le fascinait et il l'a très fréquemment joué, en explorant toutes les possibilités harmoniques, poussant parfois le morceau (j'allais dire : le bouchon) jusqu'à plus de 30 minutes !
Depuis les années 60, c'est la version de Coltrane qui est devenue le standard, au point qu'on pourrait presque le considérer comme le compositeur du morceau.

Pour le cas ou des amateurs, débutant dans le jazz, ne connaîtraient pas ce chef-d'oeuvre, je le mets en écoute dans sa version la plus fameuse, celle de l'album "My favorite things" de 1960. C'est l'un des plus beaux morceaux de jazz que je connaisse, et le solo très Debussyste de McCoy Tyner m'enchante au moins autant que ceux de Trane.

Au cours de la semaine, je mettrais en écoute d'autres versions, pré et post coltraniennes, mais déjà, vous pouvez mesurer le fossé entre la version d'origine de Mary Martin (pour le show de Broadway, "The sound of music") et celle de Coltrane, enregistrée seulement un an après !