dimanche 28 février 2010

L'homme à la voix d'or


Donny Hathaway est un mythe. Sa voix est la plus belle de toutes (comme le dit le père Emptoire). Bien plus belle, notamment que celle de Marvin Gaye. Pourtant sa notoriété n'arrive pas à la cheville de celle du susdit.
Ce n'est pas faute d'avoir eu du succès. Il en a eu, avec son premier album, ainsi qu'en duo avec sa camarade de classe, la grande Roberta Flack.

Non, le problème, c'est le doute, la dépression, qui déboucheront sur son suicide à 33 ans, laissant ses amis incrédules sur son envie d'en finir alors que sa carrière recommençait à décoller, et Roberta inconsolable.

Ce qui fait tout l'intérêt de la musique de Donny, outre sa voix, incontournable, c'est son art de l'arrangement qui en fait le mix parfait de Curtis Mayfield, Stevie Wonder et Marvin Gaye.

Sa discographie est très courte. Elle comprend trois albums (trois chef d'oeuvres très différents), un live, une musique de film,"Come Back Charleston Blue", et un album duo avec Roberta Flack.
Parlons un peu de ces trois albums, que je ne me lasserais jamais d'écouter :

Le premier, "Everything is everything" (1970) est solaire.
Il comprend, entre autres perles, trois tubes : le titre éponyme, "To be young, gifted and black", et surtout, cette merveille de jam blaxploitation, de musique de rue, "The Ghetto".






Le deuxième, intitulé simplement "Donny Hathaway" (1971), est lunaire.
Tout en demi-teintes, fait principalement de tempos lents, il est tout simplement bouleversant !

Le premier morceau, "Givin' up", donne le ton :






Le troisième, "Extension of a man" (1973) est ambitieux.
Il fait la part belle aux arrangements, s'inspirant du "What's goin' on"" de Marvin Gaye, en commençant par un morceau orchestral, pour 45 musiciens, orchestré par Hathaway lui-même.
Le reste est tout aussi magnifique, même si l'ensemble n'est pas aussi cohérent que l'album de Marvin Gaye.









Pour terminer : une vraie video :

mardi 23 février 2010

Au poteau ! (whipping post)

Je suis tombé sur cette vidéo d'un groupe très important pour moi : The Allman Brothers Band.
Avec le plaisir de voir jouer le plus grand guitariste de rock de tous les temps (euh... des temps du rock, en tout cas), juste après Hendrix, quand même : Duane Allman, malheureusement mort à même pas 25 ans dans un accident de moto.
On peut y voir aussi le deuxième guitariste du groupe, Dickey Betts, qui aurait pu être considéré, lui aussi comme un très grand, s'il n'avait pas joué dans le même groupe que le génie !

dimanche 7 février 2010

Silver pop

A l'aube des années 70, Horace Silver enregistre trois albums constituant une trilogie intitulée "The United States of Mind".


Ces trois disques, "That Healin' Feelin'", "Total response" et "All", sont tellement différents de ce que Horace a enregistré dans les années 60 qu'il va en prendre plein la gueule avec la critique jazz ; vous savez, cette critique qui cherche à enfermer les artistes dans de petites boîtes dont ils ne doivent surtout pas sortir ?

Que lui reproche-t-on ? Deux choses :

- de rabaisser le jazz au niveau de la pop, la plupart des morceaux étant chantés, dans un style funky, avec un Silver qui passe au piano électrique.

- de faire la part belle aux paroles, jugées prétentieuses, mêlant préoccupations sociales, spirituelles et politiques.

C'est à dire, en gros, de faire "Songs in the Key of Life" de Stevie Wonder, quelques 5 ans avant l'intéressé.
Loin d'abaisser le jazz, ces trois enregistrements élèvent la pop au niveau du chef-d'oeuvre !
La cerise sur le gâteau, c'est la rencontre entre Horace et le grand Bey.
Andy Bey, l'une des plus belles voix du jazz, Jeanne Lee au masculin, de part l'ambiguïté de sa voix, très masculine dans les graves et presque féminine dans les registres plus élevés.
On trouve aussi d'autres chanteurs sur ces trois disques, comme Salomé Bey, la soeur d'Andy, ou encore Gail Nelson.
Les arrangements sont tout simplement fantastiques et prouvent, s'il en était besoin, l'énorme apport de Silver à la soul et à la pop, comme si cela ne suffisait pas qu'il ait inventé le hard bop !

Pour terminer, voici trois extraits, une chanson de chaque disque :